Trudeau, comme Harper, surestime le pouvoir d’Ottawa de façonner l’économie

Ressources ou débrouillardise? Dans son discours au Forum économique mondial de Davos cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que «le Canada a été surtout connue pour ses ressources. Je veux que vous connaissez les Canadiens pour notre ingéniosité … Nos ressources naturelles sont importantes, et ils le seront toujours. Mais les Canadiens savent que ce que la prospérite n’est pas seulement sous nos pieds, il est entre nos deux oreilles “.

Pas si vite, dit le maire de Calgary, Naheed Nenshi. «Nous sommes une économie de ressources,” at-il dit aux journalistes à Davos. “Notre principal produit d’exportation est encore de l’énergie et je ne vois pas un avenir où cela ne continuent pas d’être le cas. Nous devons faire ce que nous pouvons pour accéder aux marchés.”

Ils ont tous les deux raison. Indépendamment du nombre de coups de gueule livrés par Leonardo DiCaprio contre l’utilisation du pétrole, elle ne va pas disparaître de sitôt. Ce n’est pas juste parce que l’industrie pétrolière recherche ses profits – c’est parce que le monde (y compris les pays en développement) a besoin d’énergie à bon prix. Le pétrole à bon marche entraine, bien sûr, de plus petits profits pour ses producteurs et plus de licenciements pour ses travailleurs. Ce qui signifie que l’importance du secteur va diminuer par rapport à d’autres, comme la fabrication ou le commerce par internet – jusqu’à la prochaine flambée des prix du pétrole.

Le secteur des ressources a toujours été une de montagnes russes. Les investisseurs suivent le flot d’argent. Ceux qui accusent le gouvernement Harper de faire du Canada dans un état pétrolier semblent oublier que ce n’était pas Ottawa qui a dicté aux capitalistes mondiaux où mettre leur argent. Ils ont investi en Alberta parce que c’est là où se trouvaient les profits.

À leur tour, ces investissements ont livré des redevances pour les gouvernements. Est-ce que Harper aurait du dire, ‘Désolé Enbridge, mes regrets Suncor, vous ne pouvez pas mettre plus d’argent dans le secteur pétrolier. Vous avez à construire une usine de manufacture dans l’Ontario, même si elle perd de l’argent » ?

Certes, les gouvernements affectent le climat d’investissement – trop souvent dans un mauvais sens. Si le climat d’investissement ailleurs au Canada avait été plus attrayant, plus d’investissements y aurait atterris, indépendamment de l’appel du secteur de l’énergie. Au lieu de cela, les gouvernements de l’Ontario et du Québec ont augmenté leurs dettes et haussé les impôts, plus récemment, sur le fameux 1 pour cent. L’Ontario a versé l’argent public à un grand nombre de projets d’énergie verte, ce qui a augmenté le prix de l’électricité de près de 100 pour cent depuis 2003. Blâmer le secteur du pétrole et la valeur élevée du dollar pour le déclin de l’économie manufacturière du Canada central est une échappatoire.

En même temps, Trudeau a raison de dire que la «débrouillardise» est essentielle pour l’avenir économique du Canada. Alors que l’ancienne économie roule toujours, la nouvelle économie représente l’avenir à long terme. Et elle est numérique. L’économie du partage, le commerce de détail, la logistique, même (on l’espère) le journalisme – ils se trouvent de plus en plus sur le web. Trudeau a raison d’exiger que les Canadiens aient les compétences et les connaissances pour profiter de ce changement, et que notre diversité de population et d’idées peut engendrer l’innovation.

Mais nous devons aussi veiller sur la concurrence. Selon le Harvard Business Review, tandis que le Canada se classe parmi les dix premiers pays en termes d’être “prêt pour le consommateur numérique”, notre classement a plafonné au cours des cinq dernières années. D’autres pays, comme la Chine, la Malaisie, la Thaïlande, l’Afrique du Sud et le Mexique, ont vu le leur augmenter.

La question est non pas dans quel panier Canada devrait mettre ses œufs, mais quel genre d’œufs on y met. Est-ce qu’Ottawa devrait construire des infrastructures pour étendre l’accès à large bande? Faudrait-il déréglementer le domaine des télécommunications pour encourager la compétition et les bas prix? Faut-il améliorer la protection des droits d’auteur pour protéger l’innovation? Faut-il sortir les bâtons des roues des entreprises comme Uber, en encourageant les municipalités à cesser de se mêler dans le marché?

Ottawa doit veiller à ce que le Canada est ouvert aux affaires à l’ère numérique. Mais il ne faut pas fermer la porte sur les ressources. Les Canadiens peuvent être à la fois les coupeurs de bois et porteurs de sites Web.

Ce texte se trouve en anglais a iPolitics.ca http://ipolitics.ca/2016/01/21/trudeau-like-harper-may-be-overestimating-ottawas-power-to-shape-the-economy/

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