Qu’est-ce que le racisme systémique ? Selon la Commission ontarienne des droits de la personne, « la discrimination systémique peut être décrite comme des modèles de comportement, des politiques ou des pratiques qui font partie des structures d’une organisation et qui créent ou perpétuent un désavantage pour les personnes racisées ». Le dictionnaire en ligne Lexico définit pour sa part le racisme institutionnel comme « la discrimination raciale qui s’est imposée comme un comportement normal au sein d’une société ou d’une organisation ».
De nombreux exemples de racisme systémique sont clairement définis, comme l’ancien système d’apartheid en Afrique du Sud, qui accordait explicitement aux Blancs un traitement préférentiel par rapport aux Noirs. Les lois de Jim Crow promulguées par les États américains aux XIXe et XXe siècles ont privé les citoyens noirs de leurs droits, imposé la ségrégation et renversé les gains politiques et économiques des Noirs américains. Au Canada, des clauses restrictives en matière immobilière interdisaient la vente de propriétés à des Noirs, des Juifs et des immigrants chinois jusqu’à ce que les tribunaux les annulent en 1950.
Mais le racisme systémique n’est pas toujours aussi flagrant. Les formes subtiles incluent un traitement différencié des suspects blancs et non blancs pour une même infraction ou de plus importantes dépenses par habitant attribuées pour l’éducation des enfants non autochtones que pour leurs pairs autochtones. Parfois, le racisme systémique prend la forme d’un crime, comme l’abus de femmes autochtones par les forces de police de Val-d’Or qui a été dénoncé en 2016. Ou plus récemment, le meurtre de l’homme noir George Floyd par le policier blanc Derek Chauvin, à Minneapolis.
Selon un sondage Abacus publié cette semaine, 61 % des Canadiens croient que le racisme systémique existe dans notre pays. Cependant, tout le monde n’est pas de cet avis. La commissaire de la GRC, Brenda Lucki, a déclaré sur plusieurs réseaux d’information que « si le racisme systémique signifie que le racisme est ancré dans nos politiques et procédures, je dirais que nous n’avons pas de racisme systémique ». Le premier ministre du Québec, François Legault, vient de déclarer : « Je ne comprends pas pourquoi les gens essaient de s’en tenir à un seul mot. Je pense que ce qui est important, c’est de dire – et tout le monde en convient – qu’il y a du racisme au Québec, et que nous n’en voulons plus. »
En effet, nous n’en voulons plus. Mais le fait de reconnaître que le racisme s’étend au-delà de l’individu aux habitudes ou aux pratiques d’une institution n’est pas « de s’en tenir à un seul mot ».