Qu’est-ce que le Canada ? Alors que nos voies ferrées demeurent bloquées, lorsque les tensions politiques et sociales approchent du point de rupture et que les grands projets économiques sont suspendus ou annulés, on pourrait facilement rejeter la question comme étant une distraction philosophique.
Mais ce n’est pas le cas. La question de savoir ce que notre pays représente et comment il se perçoit est au cœur même du conflit actuel.
Pour moi, c’est un vieux film. Pendant 40 ans, toute la culture politique du Québec et du Canada aussi a été monopolisée par les désirs opposés de préserver ou de démanteler l’État canadien. Les oppresseurs, c’étaient les Anglos ou, plus tard, « l’argent et le vote ethnique ». Je me souviens encore des enfants du quartier qui me poursuivaient, à l’âge de 5 ans, alors que je dévalais à vélo le boulevard Payer à Saint-Hubert, des cris de « maudite Anglaise ! » résonnant dans mes oreilles.
Deux référendums plus tard, le Canada et le Québec ont plus ou moins fait la paix face à leur droit mutuel d’exister. Le Parti québécois est devenu l’ombre de ce qu’il a naguère été, et bien que le Bloc ait refait surface, il est désormais bien plus un défenseur du Québec dans le Canada qu’un véhicule de séparation.
Mais cette ère plutôt difficile a eu de nombreux héritages. L’un d’eux était le coût d’opportunité : l’accent mis sur la question Québec-Canada signifiait que d’autres priorités politiques n’étaient pas traitées en profondeur. Et l’une d’entre elles était la relation du Canada avec les peuples autochtones.