O’Toole a le dernier mot sur la tempête dans une canette de bière déclenchée par les progressistes

Le pauvre Erin O’Toole ne peut tout simplement pas reprendre son souffle. Vendredi soir, le chef du Parti conservateur a tweeté un selfie avec une casquette de baseball et un t-shirt bleu, en sueur, tenant une canette de Legion Lager, sous laquelle on pouvait lire: «Je commence le long week-end du bon pied. Rebecca avait fait en sorte qu’une bonne bière froide m’attendait après ma course. Je souhaite à tous un long week-end sécuritaire et relaxant.»

Twitter, en avant les moteurs!

Mardi matin, plus de 3000 personnes avaient «aimé» le message d’O’Toole. Cependant, 1500 autres ont préféré prendre quelques minutes de leur long week-end pour publier des commentaires tels que:

«Garder les femmes réprimées et sous contrôle débute à la maison. Faites attention.”

«La misogynie à son meilleur.»

«Vous vivez encore dans les années 1950.»

«Est-ce que cela fait partie de la campagne “Rendez-le plus sympathique”? Parce que cela ne fonctionne pas.»

Soupir…

Pour couronner le tout, «a cold one» avait été traduit par «une bonne froide» dans la version française du tweet. Cette expression a attiré l’attention car elle n’existe pas en français, à part sur Google Traduction.

La réponse d’O’Toole fut des plus ironiques. Dimanche, il a tweeté un selfie sur lequel on le voit offrant à sa femme un verre de rosé sur un plateau d’argent orné de fleurs. Cela a suscité encore plus de «j’aime» (plus de 7000) et de commentaires (plus de 2000 au dernier décompte), principalement du type:

«Je préfère avoir un salaire égal.»

«Cessez de vous ridiculiser.»

«Cela n’a fait qu’empirer votre premier tweet.»

Et, mon préféré,

«Ce ne sont PAS des roses! Ce sont des tulipes jaunes! Pour l’amour de Dieu! #NeverVoteConservative»

Peut-être que ce commentaire, et beaucoup d’autres semblables, était dû au fait que l’accent sur le «e» de «rose» était absent? Faire défiler vers le bas pour voir l’image dans le tweet demandait apparemment trop d’effort.

Outre le constat évident que Twitter est un endroit plein de colère à la recherche d’exutoires, la tempête dans une cannette de bière de ce week-end mérite un examen plus approfondi de ce qu’elle révèle sur le processus politique – et comment les foules sur Twitter peuvent être manipulées avec 11 petits mots.

Au premier abord, d’un point de vue des communications, le tweet d’O’Toole rate complètement sa cible. On ne sait pas à qui il s’adresse: toute personne suffisamment soucieuse de sa forme physique pour aller courir à 21 h un vendredi soir, n’est probablement pas le genre à couronner sa course d’une bière, et quiconque boit joyeusement de la bière à cette heure n’a probablement pas seulement transpiré à courir un 5K. S’il s’agissait d’un exercice de ciblage électoral, cela semble être un échec total.

Jusqu’à ce que vous considériez la référence à sa femme ayant une bière qui l’attendait, par contre. Cette ligne n’était pas désintéressée, mais conçue pour piquer au vif les progressistes trop heureux de mettre Internet à feu à tout moment. La théorie est la suivante: Qu’on introduise la tempête! Qu’on constate ses répercussions. Et qu’on récolte les votes.

O’Toole a plu non seulement à sa base de «rednecks», comme le soutiennent ses détracteurs, mais à la foule plus large qui pense que les électeurs de gauche ont atteint le fond du baril en ce qui concerne les questions féministes. Lorsque les progressistes interprètent un acte anodin de la part de votre conjoint comme un signe avant-coureur d’un dénouement à la Servante écarlate, les gens commencent à décrocher.

Ensuite, il y a l’hypocrisie. Péter une coche à cause du tweet boiteux d’O’Toole alors que le gouvernement en poste est embourbé dans de multiples scandales sexuels militaires est extrêmement malhonnête. Il est beaucoup plus révoltant de voir le personnel du premier ministre Justin Trudeau détourner les questions sur l’affaire Vance que de voir O’Toole se prendre en photo avec une bière.

Enfin, les tempêtes sur Twitter ont un autre effet: stimuler le degré de notoriété. Et l’un des plus gros problèmes d’O’Toole est que, contrairement à Trudeau, il n’est pas connu. Les frasques de la fête de la Reine lui auront valu une modeste couverture médiatique, principalement à la radio et sur les médias sociaux, alors qu’il n’en aurait pas eu autrement. Si votre école de pensée est celle d’aucune-presse-est-une-mauvaise-presse, alors O’Toole en est sorti gagnant.

En d’autres termes, Twitter, vous vous êtes fait avoir. La chose la plus importante à retenir n’est pas qu’un gouvernement conservateur ramènerait le Canada dans les années 1950. C’est que la politique est devenue hyperboliquement partisane et minutieusement manipulée. Ceux qui pensent jouer le jeu, trop souvent, ne font avoir.

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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