O’Leary dit qu’il n’est pas un capitaliste. (Attendez… quoi?!)

Ce gars-là est-il sérieux?

« Je ne suis pas un capitaliste. » Avec ces cinq mots, Kevin O’Leary a perdu toute sa crédibilité en tant que candidat dans la course au leadership du Parti conservateur.

Aujourd’hui, sur les ondes du AM640, à Toronto, il m’a dit : « Je ne suis pas capitaliste. Je suis en faveur des emplois. Il y a trois choses que je vais régler dans ce pays : les emplois, les emplois, les emplois. »

Excusez-moi? Le capitalisme n’est-il pas censé, euh, générer des emplois?! Et O’Leary n’a-t-il pas été un capitaliste tout au long de sa carrière? Et n’est-il pas candidat dans la course au leadership du Parti conservateur? (Au fait, Kevin – Jean Chrétien vient d’appeler, et il veut ravoir son slogan.)

Pour être tout à fait clair, O’Leary est un capitaliste. Et ce n’est pas quelque chose dont on doit avoir honte. Le capitalisme est le plus grand système de création d’emplois que le monde n’ait jamais connu. Oui, il génère des gagnants et des perdants. Oui, il entraîne des conséquences secondaires, dont certaines sont laides. Il peut entraîner de grands écarts entre riches et pauvres. Il peut entraîner une dégradation de l’environnement. Il peut occasionner de grands bouleversements, car la technologie déplace les industries et les travailleurs.

Mais trouvez un système économique qui fait mieux! Le communisme a engendré une misère incalculable pendant des décennies dans l’ancien bloc soviétique, avant que ses économies ne s’effondrent dans les années 1990. La pollution dans les villes de la Chine communiste dépasse de loin celle des pays capitalistes comme les États-Unis. En ce moment, le socialisme est en train de saccager l’économie vénézuélienne, où l’hyperinflation, les pénuries alimentaires et les troubles sociaux sont l’héritage des politiques ratées de nationalisation et de contrôle étatiques de l’économie.

Comme l’a dit de façon célèbre Winston Churchill : « La démocratie est le pire système, à part tous les autres ». On peut en dire autant du capitalisme, parce qu’il est enraciné dans une valeur dont les autres systèmes manquent : la liberté individuelle. Il est basé sur le droit de posséder des biens, d’amasser de la richesse et de disposer de cette richesse. Il est dynamique, fluide et récompense l’innovation, le genre de progrès qui n’engendre pas que des profits pour leurs créateurs, mais améliore la vie de tous ceux qui utilisent leurs produits.

En tournant le dos au capitalisme, O’Leary répudie tout ce qu’il a représenté au cours de sa carrière. Il a fait sa marque en affaires, puis en tant qu’investisseur en capital-risque, puis dans des émissions comme Dragon’s Den et Shark Tank, dans lesquelles il a permis à des aspirants entrepreneurs de réaliser leurs rêves capitalistes.

Dire qu’il n’est pas un capitaliste est comme une vache qui dirait qu’elle est un cheval. C’est, dans le langage d’aujourd’hui, un « fait alternatif ».

Au-delà de l’insulte à notre intelligence collective, la déclaration d’O’Leary a le malheureux effet de le ramener au même niveau que les politiciens qu’il méprise – les gens qui diraient n’importe quoi pour être élu. Peut-être pense-t-il que dire qu’il n’est pas un capitaliste est un bon moyen de gagner des votes? Peut-être courtise-t-il les électeurs néo-démocrates, en épousant la même politique énergétique – raffiner davantage de pétrole au Canada – sans dire comment il pourrait le faire ou le financer? (Ferait-il payer la facture aux contribuables? Ou forcer l’industrie à le faire, en s’inspirant de la Politique nationale de l’énergie du premier ministre libéral Pierre Elliott Trudeau qui voulait que l’Alberta vende son pétrole au reste du Canada en-dessous du prix du marché?)

Hmm. Peut-être que M. O’Leary n’a jamais été capitaliste après tout, mais un opportuniste. Et dans la faiblesse du présent gouvernement, ainsi que dans l’offre actuelle des conservateurs, il voit des opportunités. Cela pourrait être payant – le dernier sondage d’Ipsos le place au coude-à-coude avec le premier ministre Justin Trudeau, à 37 et 38 pour cent, respectivement. C’est mieux que n’importe lequel des autres candidats dans la course – et pour les Tories avides de pouvoir, cela pourrait sembler une raison valable de faire d’O’Leary leur prochain leader.

Mais ils devraient faire une pause et considérer l’impact de leur choix. Pour cela, ils n’ont pas besoin de chercher plus loin que ce qui se passe au sud de la frontière. Le président Donald Trump a beau porter l’étiquette républicaine, cette dernière a perdu tout son sens. Détourné par un président populiste sans compas philosophique sur lequel s’appuyer, son parti ne s’évertue plus à construire la « ville brillante sur la colline », mais plutôt une forteresse fortifiée. La sagesse d’Adam Smith, d’Edmund Burke, de Russell Kirk et de William F. Buckley repose sur les cendres de l’histoire, remplacée par le protectionniste et isolationniste « America First » de Trump.

Monsieur O’Leary, je veux croire que vous valez mieux que cela. Montrez-nous que vous êtes le franc-tireur que vous prétendez être. Ne considérez pas le leadership du Parti conservateur comme une prise de contrôle.

La politique n’est pas une business. Les principes sont importants. Et si vous ne pouvez pas admettre ce que vous êtes, comment les Canadiens peuvent-ils croire ce que vous dites?

La version anglaise de ce texte se trouve sur le site de iPolitics.

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