Les libéraux creusent un peu plus leur trou en matière de politique fiscale

Ces gens ne semblent même pas savoir pourquoi ils continuent d’avoir des ennuis!

Trois infractions, vous êtes disqualifié! C’est la règle au baseball. En politique, vous pouvez toujours faire fi des règles – mais vos chances de coup de circuit diminuent à chaque fois, tandis que les fans deviennent de plus en plus agités et se demandent s’il n’est pas trop tard pour changer d’équipe…

C’est dans cette position que les libéraux se retrouvent au lendemain de leur dernière bourde fiscale : Diabète Canada et d’autres groupes affirment que les personnes atteintes de diabète de type 1 se voient maintenant refuser le crédit d’impôt pour personnes handicapées, malgré le fait que les dossiers de bon nombre d’entre elles avaient déjà été approuvés et qu’elles répondaient aux critères énoncés par la Loi de l’impôt sur le revenu. Pour être admissible au crédit, la Loi stipule qu’un contribuable doit avoir besoin d’un traitement essentiel au maintien de la vie au moins trois fois par semaine, pour un total d’au moins 14 heures par semaine.

Les personnes atteintes de diabète vous diront que la gestion de leur maladie est une tâche de 24 heures sur 24. Les patients doivent constamment surveiller leur taux de glycémie à l’aide de bandelettes réactives et de glucomètres, et s’injecter eux-mêmes la bonne dose d’insuline pour décomposer le glucose. S’ils ne le font pas – ou s’ils le font mal –, ils peuvent souffrir de complications comme une neuropathie diabétique, une cécité, une maladie rénale, une maladie cardiaque, un accident vasculaire cérébral, ou même la mort. La thérapie coûte cher – environ 5 000 à 15 000 dollars par an. Et le crédit, d’une valeur d’environ 1 500 $ par année, aide à compenser cette dépense.

Jusqu’à tout récemment, près de 80% des patients diabétiques avaient vu leur demande de crédit d’impôt pour personnes handicapées approuvée. Maintenant, selon les organismes œuvrant dans le domaine, la plupart sont rejetées. Ces groupes ont tenu un point de presse en compagnie du porte-parole conservateur en matière de Finances, Pierre Poilievre, au cours du week-end, après que M. Poilievre eut soulevé la question lors de la période des questions le vendredi précédent. Leur situation eu un important écho dans les médias sociaux, et de nombreuses personnes se sont interrogées sur les motifs de l’Agence du revenu du Canada.

Le gouvernement lui-même a eu du mal à expliquer sa logique. Lors de la période de questions lundi, la ministre du Revenu, Diane Lebouthillier, n’a pu que dire qu’elle « a demandé à l’agence d’améliorer sa collecte de données pour le crédit d’impôt pour personnes handicapées afin de mieux comprendre le portrait des demandes et le processus décisionnel ».

S’il est vrai que Poilievre a déjà défendu des choses plutôt indéfendables lorsque les conservateurs étaient au pouvoir (le soi-disant Fair Elections Act, vous vous souvenez?!), sur ce point, il est difficile de remettre en question ses dires ou le portrait qu’il a peint d’un gouvernement qui est incapable de mettre de l’ordre dans ses affaires en matière de politique fiscale.

Premièrement, les libéraux ont proposé – puis ont dilué – des changements fiscaux qui auraient pris des millions de dollars dans les poches des propriétaires de petites entreprises. Ensuite, « le ministère du Revenu (de Trudeau) a tenté de taxer les rabais accordés aux employés, telles les serveuses et les caissières. Maintenant, ce gouvernement cible les personnes vulnérables souffrant de diabète avec des augmentations de taxes de plusieurs milliers de dollars », a accusé M. Poilievre.

Ce trio d’erreurs fiscales arrive à un moment où le ministre des Finances, Bill Morneau, est lui-même sur la sellette pour la façon dont il a géré ses propres finances depuis son entrée en fonction. Pour ne pas avoir divulgué l’existence de sa villa en France, ou révélé que son entreprise familiale, Morneau Shepell, a effectué des contrats évalués à plusieurs millions de dollars pour le gouvernement fédéral, en passant par sa décision de ne pas mettre ses parts de l’entreprise dans une fiducie sans droit de regard afin d’éviter tout conflit d’intérêt, Morneau ne cesse de trébucher.

Et comble de l’insulte, il est à prévoir que Morneau Shepell profitera de son rôle dans la gestion des retraites (pour ce qu’il en reste) des milliers d’employés licenciés de Sears, après que la chaîne de magasins ait déclaré faillite la semaine dernière – renforçant l’idée même que ce gouvernement est dirigé par des gens qui ne sont tout simplement pas sympathiques aux déboires de la classe moyenne – classe moyenne qu’ils prétendent pourtant servir.

La raison derrière tout cela ne surprendra personne : plus d’argent dans les coffres du gouvernement, cette fois-ci pour combler un déficit qui s’est creusé de plus en plus suite aux budgets. (Le design de la page couverture du dernier budget a coûté, à lui seul, 200 000 $.) Et même si le gouvernement pouvait récolter 10 milliards de dollars de croissance économique au cours des deux prochains exercices financiers, il fera encore face à des déficits qui sont loin d’être aussi modestes que ceux promis lors des élections de 2015.

Pas étonnant que les sondages ne soient pas aussi positifs qu’ils ne l’étaient dans les deux premières années du mandat du gouvernement Trudeau. Les électeurs ont l’impression que personne ne sait qui est le chef là-dedans, que les recrues comme Morneau et Lebouthillier sont incapables de gérer le match. Si les sondages ne commencent pas à s’améliorer pour ce gouvernement, après la mise à jour budgétaire de l’automne, attendez-vous à un remaniement au début de 2018.

La version anglaise de ce texte se trouve sur le site de iPolitics.

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