Les conseils concernant AstraZeneca font partie de la longue liste de volte-face pandémiques au Canada

Flip-flop, Flip-flop. Quel est ce son? C’est l’élaboration d’une politique canadienne de soins de santé sur la COVID-19.

La longue liste de volte-face en matière de politique COVID a commencé avant même que la pandémie ne s’installe officiellement, il y a un an, et se poursuit sans relâche. Voici un bref retour en arrière :

La COVID-19 ne sera pas le problème du Canada; nous sommes officiellement en pandémie. Il n’y a aucune preuve de dissémination asymptomatique; la propagation asymptomatique est réelle. Les masques ne sont pas utiles; tout le monde doit porter un masque, s’il vous plaît. Le Canada aura des vaccins appropriés; cher président américain Joe Biden, veuillez nous envoyer des vaccins. La vaccination ne doit pas être espacée de plus de trois semaines; la vaccination peut être espacée de quatre mois. Le vaccin AstraZeneca n’est pas sans danger pour les personnes âgées; le vaccin AstraZeneca ne doit pas être administré aux personnes de moins de 55 ans.

Etc., etc. C’est assez pour vous rendre malade – littéralement.

Il est vrai que la COVID-19 est une nouvelle maladie et que la science évolue continuellement. Mais comme la vérificatrice générale Karen Hogan l’a relaté dans un rapport cinglant publié la semaine dernière, les responsables de la santé publique du Canada ont tout de même commis un nombre excessif d’erreurs, en tête de liste l’échec de notre système d’alertes précoces, associé à des évaluations des risques erronées.

Le résultat a été la mort inutile de milliers de personnes âgées dans des centres d’hébergement de soins de longue durée. Le Canada détient d’ailleurs le pire bilan de décès dus à la COVID-19 dans les centres de soins de longue durée des pays riches. Une honte.

Quant au gâchis AstraZeneca, il ne pouvait arriver à un pire moment. Le Canada se trouve à un moment critique, avec plus de la moitié du pays dans la troisième vague de la pandémie. Dans la course entre le virus et le vaccin, il n’y a pas de place à l’erreur.

Les messages contradictoires sur qui devrait recevoir le vaccin d’AstraZeneca ont le potentiel de saper la confiance dans le déploiement de la campagne de vaccination et d’accroître le nombre d’hésitations. Ceci, à un moment où le seul moyen de sortir des confinements et des hospitalisations est d’obtenir l’immunité collective le plus rapidement possible.

Et à travers tout cela, le gouvernement fédéral s’est fié aux conseils de ses experts en santé. Le visage le plus célèbre de ceux-ci est celui de la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique.

Sa volte-face la plus flagrante a été de déclarer que de « mettre un masque sur une personne asymptomatique n’est évidemment pas bénéfique si vous n’êtes pas infecté. » Deux mois se sont écoulés avant qu’elle ne révise sa position. Suite à la publication du rapport de la vérificatrice générale, certains réclament sa démission ou son congédiement.

Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) est une autre source de conseils douteuse. Créé en 1964, avant la pandémie, il ne se réunissait que trois fois par an pour discuter de vaccins contre des maladies telles que la grippe, les oreillons et la rougeole.

Selon le Dr David Naylor, coprésident du Groupe de travail canadien sur l’immunité face à la COVID-19, « les comités du CCNI sont essentiellement composés de bénévoles, dont beaucoup ont de lourdes responsabilités quotidiennes en temps de pandémie. » Ses recommandations sur l’espacement des doses de vaccin sont les plus longues au monde et ont même été critiquées par d’autres scientifiques au pays et à l’étranger.

Mais la responsabilité de ces actions se situe plus haut dans la hiérarchie, soit dans le gouvernement fédéral, au Cabinet du premier ministre Justin Trudeau lui-même. Son gouvernement n’a pas tenu compte des avertissements d’autres pays. Il n’a pas réussi à mettre en place des contrôles aux frontières qui auraient pu ralentir l’importation du virus.

Il n’a pas réussi à se procurer suffisamment de vaccins à temps pour empêcher la troisième vague de s’installer, pariant sur un partenariat (qui s’est depuis effondré) avec la Chine, alors que notre pays était déjà en froid avec Pékin depuis près d’un an relativement à la détention de Meng Wanzhou et des deux Michaels. Il a gardé Tam en place malgré ses maladresses. Et il continue de s’appuyer sur le CCNI, un groupe qui n’est peut-être pas à la hauteur du défi, lorsqu’il s’agit d’un événement qui ne se produit qu’une fois par siècle.

Cette situation doit changer. Après une année de bouleversements personnels, sociaux et économiques, les Canadiens se trouvent maintenant à un point de rupture. Ils ont besoin d’avoir confiance en leurs fonctionnaires et en leurs décisions. Ils ne peuvent plus se permettre d’autres volte-face. Ils ont besoin de leadership – en provenance du haut vers le bas.

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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