Les rassemblements du jour de Noël regroupant jusqu’à cinq personnes sont permis, sauf si vous êtes dans une zone grise. Les achats du lendemain de Noël sont interdits – à moins que vous ne fassiez vos emplettes dans certains magasins à grande surface. Les vacances scolaires sont prolongées alors que le ski alpin est annulé. Oh, et les saunas et les clubs de sexe sont fermés.
Bienvenue au confinement ontarien 2020, l’édition des Fêtes. À 0 h 01, le 26 décembre, toute la partie sud de la province entre dans un confinement de 28 jours; dans le nord, c’est 14 jours.
Après l’annonce de la nouvelle par l’Ontario lundi, certaines communautés ont crié au scandale, notamment Ottawa. Le maire, Jim Watson, a déclaré que sa ville était «surprise» par la nouvelle. La Dre Vera Etches, médecin chef en santé publique de la ville, a tweeté: «J’ai demandé au gouvernement provincial de reconsidérer une fermeture de deux semaines pour Ottawa… en tenant compte de la situation.»
La situation à laquelle Etches fait référence est le nombre de cas relativement faible de COVID à Ottawa par rapport à la région du Grand Toronto. Lundi, Ottawa signalait 31 nouveaux cas, 19 patients COVID à l’hôpital et aucun en unité de soins intensifs. En revanche, Toronto signalait 486 nouveaux cas; la région voisine de Peel, 468, et la région de York, 326.
Mais voici le problème: tous les résidents de la région du Grand Toronto ne resteront pas nécessairement immobiles. L’exode – et la possibilité de propager la COVID-19 aux endroits où les chiffres sont actuellement faibles – est la justification tacite d’un confinement à l’échelle de la province.
Ces derniers jours, un grand nombre d’élus, dont le maire de Collingwood, la ville où se trouve la plus grande station de ski de l’Ontario, ont lancé un cri d’alarme: «Ce n’est pas le moment de voyager!» En même temps, les stations de ski ont déclaré avoir épuisé le nombre limité de forfaits proposés cette année. Il y a de fortes chances que ces forfaits n’ont pas tous été achetés par les résidents de la ville.
Cependant, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a refusé de blâmer ses propres citoyens pour la situation. Il a plutôt pris comme cibles les voyageurs internationaux et les voisins interprovinciaux. «Nous savons également que le Québec est “sur pause”», a-t-il déclaré. «Ainsi, des régions comme Ottawa… courent un risque énorme pendant les vacances, alors que des gens vont affluer de l’autre côté de la frontière si elles restent ouvertes.»
La solution à cette dernière question, bien entendu, aurait été de fermer les ponts interprovinciaux, ce que le Québec a fait plus tôt cette année. Mais ces ponts restent ouverts. Il en va de même pour les stations de ski du Québec, le gouvernement provincial encourageant le ski parce qu’il peut être pratiqué à l’extérieur en toute sécurité. Tout cela rend peu probable une invasion de l’est de l’Ontario.
Une autre différence notable entre les deux provinces est que le Québec commencera son confinement une journée avant l’Ontario, soit le 25 décembre. Et contrairement à l’édit de dernière minute de Ford, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé les mesures de son gouvernement le 14 décembre, donnant ainsi du temps aux gens pour se préparer et ne pas envahir les centres commerciaux tous en même temps.
Au lieu de cela, Ford a attendu que le Père Noël soit pratiquement en train d’atteler les rennes avant de révéler les plans de l’Ontario. Pire encore, les manchettes de la veille de l’annonce avaient des «sources» disant que le confinement serait imposé à 00 h 01 le 24 décembre. On imagine les files d’attente au Costco… Puis le ballon d’essai a éclaté et la date officielle est devenue le 26 décembre.
Pourquoi toutes ces tergiversations? Les conservateurs ont-ils cédé à leur base électorale située en dehors de la région du Grand Toronto? Ont-ils pensé qu’il serait vain d’empêcher les gens de se réunir aussi tard dans la saison des Fêtes, alors ils n’ont pas pris la peine d’essayer?
Ou était-ce les entreprises qui étaient vraiment en jeu? Ford a affirmé que «nous ne pouvons pas le faire du jour au lendemain. Nous devons donner aux (propriétaires d’entreprise) la possibilité d’y parvenir. … Plus vite nous nous sortirons de ce bourbier, plus vite les entreprises pourront rouvrir, et plus vite nous pourrons retrouver une vie normale. » Il a ensuite annoncé une nouvelle «subvention aux petites entreprises» pouvant aller jusqu’à 20 000 $ – ce que Dan Kelly, directeur de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, a rapidement qualifié de «goutte dans un océan du désespoir».
La question toujours sans réponse, mais combien importante, est de savoir si tout ce désespoir aplatira la courbe. Le plan improvisé de Ford n’inspire guère confiance à cet égard. Cela risque de rendre les citoyens moins susceptibles de suivre les règles, avec des résultats prévisibles et potentiellement mortels. Au lieu de jeter le blâme sur les autres, Ford doit justifier ses choix – et ne pas faire de politique sur le dos de la pandémie.
La version anglaise de ce texte se trouve sur le site du National Post