Les sages ont été choisis. Tel que promis, le Premier ministre Justin Trudeau a nommé un «conseil consultatif indépendant”, avec le mandat de recommander des candidats pour combler 22 postes vacants au Sénat, en commençant par cinq au Québec, en Ontario et au Manitoba. Pour ce faire, Trudeau a réuni un groupe de huit éminents Canadiens de ces provinces, de divers professions et de milieux.
Je peux personnellement témoigner de l’intelligence de certains, dont Daniel Jutras, doyen de la faculté de droit de McGill, mon alma mater, et un autre esprit juridique brillant, Murray Segal, avec qui j’ai eu la chance de travailler au ministère du Procureur général de l’Ontario. Quant à un autre membre du panel, musicien et artiste Heather Bishop, que je ne connais pas, je dois admettre me soucier des rapports qu’elle pratique la régression de vies passées pour traiter les phobies. “Ils auraient pu être dans une ancienne vie … Parfois, les gens vont dire, ‘Ils était presents avant que je suis né.” Nous revenons a de nombreuses vies précédentes», a t-elle déclaré au Ottawa Citizen.
Qui sait, peut-être que ce sera utile, si un candidat pour le Sénat a encouru d’énormes comptes de dépenses dans une existence antérieure.
La question ici n’est pas de compétence, cependant. C’est de responsabilité. Le plus irréprochable des conseillers ne traitera pas du problème fondamental du Sénat: le manque de responsabilité aux électeurs. Ce n’est pas la qualité des gens qui entrent dans la Chambre Rouge, mais le fait qu’ils y demeurent.
Un Senat nommé est l’antithèse de la démocratie. Ses membres ne peuvent pas être rappelés. Ils ne se soumettent jamais au scrutin populaire. Peu importe combien de rapports de dépenses que vous les obliger à déposer, peu importe les exigeances de leur nomination, leur statut demeure antidémocratique. Ils conservent une sinécure jusqu’à l’age de 75 ans, sauf s’ils sont reconnus coupables d’un crime, ou démissionnent de leur propre chef.
Ceci, sans surprise, peut engendrer un certain sens d’arrogance, particulièrement relatif aux fonds publics. Selon le vérificateur général Michael Ferguson, qui a fait la verification des comptes du Sénat en 2015, “Ce qui m’a frappé était la profondeur du sentiment chez un certain nombre de sénateurs qu’ils ne devaient pas tenir compte, ou qu’ils n’avaient pas à être transparent avec, leurs dépenses”. Ferguson a révélé que 30 sénateurs – qui est un sur trois – ont demandé des remboursements pour des éléments douteux, allant de voyages de pêche à des funérailles. Neuf cas ont été renvoyés à la police pour enquête.
Lorsque Mike Duffy et Pamela Wallin ont été nommés au Sénat, personne n’aurait prédit que ces éminents Canadiens tomberaient dans le malheur ou ils se retrouvent aujourd’hui. Idem Raymond Lavigne, ou Mac Harb, ou Colin Kenny, ou Don Meredith. Ils avaient tous une solide réputation et une carrière réussie. Ils auraient probablement été approuvés par n’importe quel comité.
Trudeau a choisi la voie du comité parce qu’il doit faire quelque chose à propos du Sénat, et un changement réel, tel que l’abolition, fait face à de graves obstacles constitutionnels. Mais en même temps, le premier ministre a promis une énorme réforme électorale, officiellement pour améliorer la démocratie canadienne. Alors, pourquoi exclure le Sénat? Pourquoi faire tout ce tapage à propos de notre systeme électoral a la Chambre des Communes, et laisser en place un organisme non élu, qui coûte aux contribuables 90 millions $ par année?
Si il y a un leader qui pourrait convaincre les provinces du nécéssité du changement, il serait Trudeau. Les gouvernements provinciaux cherchent un soutien accru du gouvernement fédéral; vu que Trudeau est prêt à le remettre, pourquoi ne pas obtenir quelque chose en retour? Est-ce qu’un Sénat nommé, élu, ou autre, est vraiment nécessaire en 2016? Un système législatif unicaméral permettrait tout aussi bien, ou mieux, le gouvernement au Canada. Dans le reste du monde, des pays comme la Nouvelle-Zélande, le Danemark, la Suède, la Corée du Sud, Hongrie – en effet, la majorité des pays – ont des législatures monocamérales.
Oubliez cette affaire d’élites recommandant les élites. Abolir le Sénat ferait raviver la confiance des Canadiens dans la démocratie et l’éthique politique. Il est temps que tous nos législateurs siegent au plaisir des électeurs, pas le leur.
Photo Credit: Saffron Blaze