COVID-19 : Les politiciens canadiens devraient tirer les leçons des erreurs de l’Inde. Ils font les mêmes

Avril est la période des impôts. Comme beaucoup de Canadiens, j’ai passé dimanche dernier à comptabiliser des reçus et à remplir des feuilles de calcul, la tête me tournait à force de calculer. Mais faire vos impôts implique bien plus que des chiffres. Le processus apporte un étrange sentiment de nostalgie: à travers ces bouts de papier, vous revisitez les expériences de votre dernière année, ou dans ce cas-ci, votre vie passée.

L’année 2020 est nettement coupée en deux. Pour les deux premiers mois et demi, mes dossiers montrent que les choses se passent comme d’habitude: reçus d’essence et d’Uber pour les déplacements au travail; factures de restaurant pour les réunions; rémunérations pour l’organisation ou la participation à des événements.

Et puis «Bam!», ça s’arrête. Fini les reçus de voyage et de divertissement. Au lieu de cela, il y a de soudaines dépenses pour bureau à domicile – une chaise ergonomique et un poste de travail assis-debout. La carte de crédit passe des points de compagnies aériennes aux points d’épicerie. Les factures d’électricité commencent à augmenter parce que toute la famille est à la maison.

Une enveloppe en particulier m’a fait réfléchir. Elle contenait des reçus pour mon dernier voyage à l’étranger, en janvier 2020. La destination: l’Inde. J’ai passé 10 jours dans le pays, dans le cadre d’une conférence internationale à Delhi, suivie d’une visite du Triangle d’Or.

Tandis que je tenais les reçus dans ma main, je me suis mise à regretter la perte d’une vie normale: monter dans un avion, aller au restaurant. Mais surtout, j’ai pensé aux personnes que j’ai rencontrées. La jeune femme qui m’a accueilli chaleureusement à mon arrivée. Le charmeur de serpents qui a nonchalamment drapé un cobra autour de mes épaules. Le guide qui m’a montré le Taj Mahal et le Fort d’Agra. Le vendeur du marché aux épices de Jaipur qui vendait les plus délicieux curry et thé. Et les milliers d’Indiens ordinaires que j’ai croisés, vivant leur vie, parlant de politique, partageant des repas, naviguant dans l’entassement quotidien sans fin des gens et du trafic.

Où étaient-ils maintenant? Étaient-ils en sécurité? Étaient-ils malades? Les images qui nous parviennent d’Inde aujourd’hui relèvent du film d’horreur: les hôpitaux à court d’oxygène, les patients haletant et mourant alors que leurs machines sont éteintes, les familles brûlant leurs proches décédés sur des bûchers funéraires improvisés dans les rues.

C’est à pleurer. C’est aussi à faire rager. Parce que les choses n’avaient pas à se dérouler de cette façon. La tragédie de l’Inde est ce qui se produit lorsque les dirigeants font passer la politique avant la santé publique. Et c’est une leçon pour le reste du monde – y compris le Canada.

La première vague en Inde a été relativement mineure par rapport à celle d’autres pays. En janvier 2021, le premier ministre populiste Narendra Modi a déclaré battue la COVID-19 et a levé les restrictions à l’échelle nationale. Des millions de pèlerins se sont baignés dans le Gange lors du festival Kumbh Mela, les grands mariages étaient de retour et Modi a présidé d’importants rassemblements politiques.

Combinées à l’émergence de la variante B.1.6.1.7, ces mesures ont entraîné une véritable catastrophe. L’Inde est désormais deuxième derrière les États-Unis pour le nombre total d’infections à la COVID-19, avec 17,3 millions cas et en hausse. Près de 120 Indiens meurent maintenant à toutes les heures de la COVID-19.

Chez nous, le Canada est aux prises avec une troisième vague d’un océan à l’autre. Fort McMurray a déclaré l’état d’urgence. L’Ontario a appelé l’armée à sauver un système hospitalier au bord de l’effondrement. Des variantes apparaissent dans tout le pays, même à l’intérieur de la «bulle atlantique». Les choses sont désastreuses, pires que nous ne voulons l’admettre.

En conséquence, nos dirigeants sont confrontés à des choix difficiles. Personne n’aime les confinements. Personne n’aime les restrictions aux libertés, y compris les droits de culte religieux ou de mobilité. Les politiciens répugnent à mettre leurs sympathisants en colère et, au lieu de faire ce qui est impopulaire, ménagent la chèvre et le chou, ou pire, inversent le cours de leurs décisions, semant ainsi confusion et méfiance.

Mais comme l’Inde nous le montre, sans ces décisions impopulaires, les choses peuvent rapidement devenir incontrôlables. D’autres pays comme l’Australie, le Vietnam et la Nouvelle-Zélande, qui ont adopté une ligne dure, en particulier sur les questions de voyage et de quarantaine, et l’ont maintenue, ont vu une certaine normalité revenir dans leur vie.

Si nous voulons une copie conforme de l’année dernière, nous pouvons refaire les mêmes erreurs. Mais si nous voulons que ce soit différent, nous devons changer de cap. Sinon, ce ne sera pas seulement la période des impôts qui sera sombre, mais bien d’autres jours à venir.

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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